AC/DC - Black Ice

Faut croire que tous les dinosaures se sont donné le mot pour ressortir de leur grotte. Après Metallica, AC/DC rebranche la prise (calembour). Alors, 6 ans après Stiff Upper Lip, qu'est-ce que le quintette australien nous balance? AC/DC fait partie de ces (trop) rares formations qui en dépit des modes et des tendance, ne sortent jamais de leur créneau hard-rock pour s'essayer à un changement de style généralement foireux que d'aucuns appellent "évolution". Non, AC/DC, comme Motörhead, Slayer et quelques autres, se balance foutrement du nu-metal, du emocore et autres gamineries. Leur truc, c'est le rock n'roll, point, à la ligne. LA machinerie est huilée, rodée, ça roule tranquillement, peut-être un peu trop...
Les quinze pistes de ce Black Ice ont l'inestimable avantage (à mes yeux) d'éviter l'écueuil d'une production "inspirée" qui aurait trop fortement influencé le son de l'album. Ici, O'Brien réussit le tour de force de proposer une production au micro-poil, avec un son quasi parfait, sans pour autant dénaturer le son, d'autant que la technique instrumentale est elle-aussi au rendez-vous. Pourtant, quelque chose me chagrine à l'écoute de cette galette. Laissez-moi m'expliquer. Tout au long des quinzes pistes qui composent ce Black Ice, on est un peu à la recherche du hit perdu, du tube qui fera passer cet album du statut de bon album de hard à celui d'album extraordinaire.
Mais penchons nous d'un peu plus près sur les détails

Rock n'roll Train est la chanson qui ouvre l'album, et le single par la même occasion. Un bon petit riff sympa, Brian Johnson ne voltige pas vraiment au niveau vocal, mais pas désagréable.
Skies on Fire est une mid-tempo à la rythmique diablement entraînante avec un refrain lancinant dans la lignée d'un Whisky on The Rocks. Une de mes favorites.
On accélère un peu ensuite avec Big Jack, qui nous fait ENFIN rentrer dans un propos plus hard que rock. Un autre bon morceau.
Vient ensuite une très bonne chanson. Anything Goes est un petit chef d'oeuvre de... Hard FM. Ouais, dommage, il aurait fallu la donner à Whitesnake ou Mötley Crüe, ça aurait été un vrai hit. Je plaisante, mais on a vraiment pas l'impression que la chanson a été écrite pour eux. Des riffs assez simplistes, une mélodie plus ou moins aérienne et un refrain à faire danser les minettes. Etrange...
Après ce petit moment d'égarement, War Machine nous remet la tête dedans avec son refrain à la sauce dans-ta-face. Très bon titre.
Smash n Grab se défend bien, surtout grace à son mid-tempo façon Thunderstruck, mais le bat blesse sur la durée. Ceci étant dit, oui ce pré-refrain est un ovni venud e l'espace, qui fout des frissons.
Plus moderne, Spoilin for a Fight est une chanson tout à fait acceptable, sympa, sans être démentielle.
Wheels, ou "Monsieur Johnson, vous me copierez cent fois je ne dois pas piquer le refrain de mon voisin Rob Halford", plus précisément, "Wheels of Steel" de Judas Priest. Alors oui c'est un peu déguisé, mais c'est bien reconaissable quand même. Du coup, c'est vachement énergétique comme chanson. Pas étonnant... n'empêche elle avoine...
Decibel est peut-être un des meilleurs titres de cet album, un mid-tempo assez groovy qui sent la sueur et l'essence. Du Hard Rock quoi...
Stormy May Day, ou la science du riff de cowboy. Dommage qu'il n'y ait pas grand chose de plus, ça aurait pu être une tuerie. Mais encore une fois, il aurait fallu donner cette chanson à quelqu'un d'autre (Axl Rose?Motörhead? Skid Row?) pour vraiment en faire un hit.
She Likes Rock n Roll, du ac/dc à l'état pur. Sans fioritures ni ornements. Ca passe tout seul, comme une lettre à la poste (façon de parler...)
Money Made, dans le rôle de la chanson moyenne qui aurait du rester à l'état de face-B. Un riff sympa malgré tout, mais rien de transcendant.
Voilà (encore) un mid-tempo avec Rock n'roll Dream, qui ma fois est lui bien agréable, d'autant que la voix de Brian Johnson se pose particulièrement bien la dessus. Le refrain a des petits accents de Jim Morrisson, ce qui est assez amusant, et somme toute bien plaisant.
Rockin All the Way remet le couvert pour un titre bien pêchu (ça commençait à manquer) qui dont le refrain devrait vous trotter dans la tête pendant un petit bon bout de temps.
Et enfin, l'éponyme pour conclure cette galette, Black Ice, groovy, rock n'roll, presque dansante, la prouesse technique est sacrifiée à l'efficacité, et elle devrait se retrouver en bonne place sur les set-lists des concerts à venir.

En somme, un album tout à fait comme il faut, assez homogène. ET c'est là ou réside le problème. Aucun titre ne ressort véritablement du lot. De plus, on cherche désespérément les refrains inspirés d'un Whole Lotta Rosie en son temps, ou l'énergie d'un TNT ou la technicité des solos de Back in Black. On ne s'ennuie pas une seconde sur ce Black Ice, mais au boût des quinze pistes, on a le sentiment de ne rien avoir retenu, pas de refrain hyper catchy, ni de solos démentiels, pas de riffs des chaumières qui vous font taper du pied.Alors s'il faut bien avouer qu'Angus Young a cette irritante manie de pouvoir transformer les riffs les plus anodins en petit bijoux, et que Brian Johnson sait transformer n'importe quelle chanson un peu molle en dynamite, on sent les papis du hard-rock un peu... mous... Dommage!

note: 7/10

A écouter en priorité :
War Machine
Decibel
Black Ice
Anything Goes (Imaginez qu'Axl Rose chante et c'est génial)