Les monstres finlandais sont de retour avec un album qui se devait de confirmer le succès de leur précédent opus, et les conforter dans leur statut de nouvelle figure de la scène heavy nordique. Eh bien ce que l’on peut dire à l’écoute de ces 14 titres, c’est que c’est pas si réussi que ça. Alors oui, ils n’ont pas vendu leurs âmes au Grand Capital, Lordi joue toujours du Lordi, mais c’est peut-être bien là ou le bât blesse. Je m’explique. 2006, cinq affreux en costumes de monstres de power rangers gagnent l’Eurovision à l’aide de chansons hard heavy pêchues, aux refrains hymniques et aux riffs gras dévastateurs, le tout au grand dam d’un certain animateur de télévision bien connu.
Depuis, on attendait la confirmation d’un talent bien existant sous le latex. Et ce
Deadache loin d’être un mauvais album en soi, souffre du mal habituel dit de « l’album de la maturité ». Etions-nous dans l’erreur en plaçant tant d’expectations dans le monstrueux combo finlandais ? Je ne crois pas, puisque tout au long de ce
Deadache, la qualité est au rendez-vous, et si l’album se révèle moins mauvais après plusieurs écoutes, il est loin d’exploser le grosseclaquedanslafacomètre. Passons au track-by-track pour illustrer tout ça.
Cette galette s’ouvre sur la désormais traditionnelle intro, mais
SCG IV contrairement à sa prédécesseur n’est absolument pas originale. La ou
SCG III mettait directement l’auditeur dans cette ambiance
pulp qui caractérisait le reste de l’album,
SCG IV se contente d’effectuer son boulot d’intro sans rien apporter d’intéressant.
La deuxième piste, mais première chanson,
Girls Go Chopping, est pour le coup un morceau plus que correct (mention spéciale au calembour du titre qui me fait toujours sourire). Malgré tout on aurait souhaité un refrain un chouillat plus hymnique, mais le titre est assez heavy et assez porteur. Un des seuls de l’album à faire réellement taper du pied.
La suite s’intitule
Bite it Like a Bulldog, et il s’agit en plus du single. A l’écoute de ce titre, une question me vient à l’esprit : « Qui a décidé que ce truc serait le single ? » Enfin, y a pas besoin de s’appeler Tue Madsen ou Rick Rubin pour entendre que le refrain est mauvais ! Pour le reste, rien de bien notable, c’est très moyen.
Monsters Keep Me Company vient ensuite. Et il doit s’agir de la meilleure chanson de cette galette. Eh oui, grande nouvelle, on peut retenir le refrain (Woaw !). Bref, un bon titre, qui se laisse écouter
La piste d’après s’intitule
Man Skin Boots, et s’ouvre sur un sample à la Rammstein suivi d’un riff sans vraiment d’originalité que le combo allemand n’aurait pas renié dans ses mauvais jours. Comme beaucoup de ses consoeurs sur ce disque, ce titre n’est pas loin d’être tout à fait transparent.
Dr Sin is In rappelle légèrement The Kids Who Wanna Play with the Deads de leur précédent opus. Mais avec un riff qui groove sa maman, ça arrache sévère. Un bon titre, malgré un refrain qui ne se retient pas.
The
Ghosts of Heceta Head est une bonne chanson. Oui. Mais. Mais en fait c’est pas tout à fait du Lordi. L’intro, le riff de couplet et le son du clavier (ah…le clavier…) qu’on dirait directement repiqués à Peter Tätgren de Pain. La voix rappelle étrangement un célèbre chanteur américain au nom fait d’un mélange entre un tueur en série et une icône du cinéma 50’s. Bref. C’est du repompé. Mais c’est une bonne chanson.
Et là, je crois qu’on touche le fond.
Evilyn (bon, oui ça va les jeux de mots) est une…balade. Après tout pourquoi pas. Oui mais… j’ai particulièrement du mal à imaginer Mister Lordi chanter les malheurs de la pauvre
Evilyn dans son costume de monstre en mousse, ensuite, c’est assez triste, mais elle n’a rien de passionnant cette balade. Je vous laisse avec un extrait du texte, ou l’on peut noter toute la poésie et la subtilité. Parce que visiblement c’est ce qui est recherché.
She Cannot Help Herself
The Voices Tell Her So
All Sinners Go To Hell
She's Gotta Help Them Go Et comme c’est la mode, Lordi a décidé qu’ils pouvaient faire des instrumentales, bah oui, hein, pourquoi pas eux, c’est idiot ? Ben à l’écoute de ce titre assez foireux, à mi chemin entre Craddle of Filth (hurlements de loup inside) et Within Temptation (claviers dégoulinants fournis), on est en droit de se poser la question.
The Rebirth of The Countess dépasse des sommets de ridicule jusqu’à déclencher des petits rires nerveux lorsque cette voix féminine commence à déclamer un texte en français d’une qualité douteuse… « et je suis cette pierre, et je grandirai ! » En un mot, les 2 minutes les plus pénibles de l’album.
Enfin on revient à des choses plus saines, avec
Raise Hell In Heaven, qui possède enfin un refrain digne de ce nom. C’est pas trop tôt. Sur ce titre, on retrouve un peu l’ambiance du précédent opus, c'est-à-dire des titres compacts, qui font taper du pied bien comme il faut.
Vient alors la chanson éponyme, qui poursuit sur la lancée du titre précédent, mais on retrouve encore les claviers que décidément Peter Tätgren laisse traîner partout. Ah, on me suggère à l’oreillette qu’il doit les louer à tous les groupes en manque d’inspiration.
Hey, mais c’est une chanson drôle, avec des clins d’œil ! Il s’agit de
The Devil Hides Behind Her Smile avec son petit orgue du meilleur effet d’autant qu’il n’est pas surutilisé. Le titre fait bien bouger la tête, enfin !
L’antépénultième chanson s’intitule
Missing Miss Charlene. Dotée d’un riff très 80’s assez dévastateur, des claviers (pour une fois) pas trop envahissant, ce titre fait plaisir à entendre. Mention spéciale aux chorus bien gras et masculins tout à fait dans l’ambiance.
L’album se clôture sur
Dead Bugs Bite, autre titre au riff très typé hair-metal, qui sonne bien. Cependant, le mixage a tendance à trop fondre le tout en une grosse masse sonore qui gâche un peu le plaisir.
Pour conclure mon propos,
Deadache n’est pas à la hauteur de mes espérances. Il reste un album correct, avec de grosses longueurs, surtout au début. Le mixage n’est pas terrible, les solos se font un peu oublier car peu inspirés, mais surtout, le tout manque de mordant, de gnaque. On regrette les refrains qui tournent dans la tête pendant trois jours, les riffs qu’on peut fredonner sous la douche.
Je suis déçu, alors, oui, Lordi joue du Lordi, mais peut-être un peu trop comme Lordi : là où, dans les albums précédents, le groupe ressuscitait l’esprit du heavy 80’s de manière assez brillante, cet album montre que ce genre n’a plus grand-chose à offrir de nouveau.
Le groupe a peut-être besoin de changement, d’intégrer d’autres influences pour garder sa musique vivante, ce que l’on ressent parfois au long de cet album. Cependant ces influences ne sont pas encore bien digérées. De plus, un groupe avec une personnalité telle que celle de Lordi aura surement énormément de mal à intégrer de nouveaux éléments dans sa musique sans dénaturer le son et l’âme du groupe. Attention Mr Lordi, on est proche, tout proche du point de rupture...